Si certaines orientations sexuelles et/ou affectives semblent évidentes, d’autres suscitent toujours de nombreuses interrogations. Les dénominations se multiplient et, parfois, tant les professionnel·le·s que le grand public se sentent désemparé·e·s. Cet article, reprenant diverses questions fréquemment posées concernant les LGBTQI+ [1], vous permet d’en apprendre davantage sur ces communautés aux multiples facettes.

Amour et sexualité, est-ce bien différent?

La tendance à réduire les communautés LGBTQI+ à leurs orientations sexuelles est très présente. Or, rien n’est plus faux ! Il ne s’agit pas que de sexualité, mais aussi d’identité de genre, de sexe biologique et… d’amour ! Un champ qui, trop souvent, est associé de manière systématique à notre sexualité. Pourtant, les orientations sexuelles ne correspondent pas toujours aux orientations affectives. Une personne peut, par exemple, être attirée sexuellement par les deux sexes, et ne tomber amoureuse que de personnes du même sexe que le sien (il est dès lors possible qu’elle s’identifie en tant que bisexuelle, homoromantique). La distinction entre les deux permet alors d’être plus proche des vécus et des ressentis.

Pourquoi tant d’appellations et comment s’y retrouver ?

Nommer, c’est faire exister. C’est permettre à une réalité d’être conçue, représentée, discutée et réfléchie en tant que telle [2]. Les personnes concernées peuvent se définir, se comprendre, mettre des mots sur leurs ressentis et leurs parcours de vie mais aussi se reconnaître, se rassurer, échanger, se regrouper, acquérir une visibilité, revendiquer des droits… Au final, toutes ces lettres, tous ces mots, représentent la diversité de nos sexualités, de nos préférences et de nos genres. Elles ouvrent des possibles et affirment la légitimité de chacun·e.

La priorité est de reconnaître cette diversité, et c’est là toute l’importance du petit « + » à la fin du sigle LGBTQI+ symbolisant l’ensemble des (sous-)groupes existants hors du champ hétéronormatif [3] et cisnormatif [4], et de respecter la manière dont la personne se définit. Vous ignorez ce que le terme signifie ? Pas de panique, demandez-le à la personne concernée plutôt que de supposer, cela vous évitera toute maladresse !

Que signifie le terme « queer » ?

« We’re here and we’re queer ! » Ce mot d’origine anglo-saxonne est devenu un véritable slogan au sein des communautés LGBTQI+. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. Signifiant « étrange », « bizarre », « hors du commun », ce terme a longtemps été utilisé comme injure homophobe [5]… Ce n’est que dans les années 90 que le mouvement LGBT de l’époque se le réapproprie [6] afin de favoriser l’émergence d’une voix forte, fédératrice et engagée.

Le terme, générique, englobe l’ensemble des minorités sexuelles et de genre qui ne se définissent ni comme hétérosexuelles ni comme cisgenres. Pour Teresa de Lauretis, chercheuse qui donne naissance à la théorie queer, ce concept permet de « définir et [de] construire une alternative au patriarcat hétéronormatif et cisnormatif » [7]. Le terme est dès lors souvent utilisé pour s’affranchir des étiquettes et affirmer une identité plus large, hors des normes de la société mais aussi des catégories LGB parfois vécues comme restrictives.

Tant de (sous-)groupes pour un même combat ?

Attention, tous les (sous-)groupes rassemblés sous le sigle coupole LGBTQI+ ne le sont pas forcément en raison de leurs orientations sexuelles et/ou affectives ! L’identité de genre et/ou le sexe biologique d’une personne peuvent également différer des normes traditionnelles véhiculées au sein de notre société. C’est le cas des personnes dites :

  • Transgenres qui ne s’identifient pas ou qui questionnent le genre qui leur a été assigné à la naissance (par exemple : une personne assignée homme à la naissance qui se définit en tant que femme).
  • Intersexuées qui sont nées « avec des caractères sexuels qui ne correspondent pas aux définitions traditionnelles du sexe féminin ou du sexe masculin » [8]. L’intersexuation recouvre de nombreuses situations et peut prendre des formes variées.

Chaque (sous-)groupe est confronté à des stéréotypes et violences spécifiques et possède ses propres besoins. Mais, au regard de notre société hétéro- et cisnormée, tous constituent des minorités, victimes de discriminations, qui partagent la même lutte : être entendus et visibilisés afin d’obtenir l’égalité des droits civils et sociaux. Par ailleurs, de nombreuses personnes appartenant à l’un ou à plusieurs de ces (sous-)groupes subissent souvent simultanément différentes formes de domination [9] (ex : être une femme transgenre de couleur).

Au final, la diffusion d’informations correctes et fiables participe pleinement à la construction d’une approche des questions LGBTQI+ dans le respect et la bienveillance. Bref, apprenons les un·e·s des autres !


[1] Lesbienne, Gay, Bisexuel-le, Trans, Queer, Intersexe.

[2] Cottin Eva, « LGBTQIA quoi ? Quels mots employer pour parler de relations et de sexualités, pour quelles réalités et quels enjeux ? », Analyse Soralia, 2019, URL : http://www.femmesprevoyantes.be/wp-content/uploads/2019/09/Analyse2019-vocabulaireLGBT_relations.pdf

[3] Qui considère l’hétérosexualité comme étant la norme à suivre et comme orientation sexuelle et/ou romantique supérieure aux autres.

[4] Qui considère qu’être cisgenre est la norme à suivre et que cette identité de genre est supérieure aux autres. Une personne cisgenre est une personne qui s’identifie relativement au genre qui lui a été assigné à la naissance (par exemple : une personne assignée femme à la naissance qui se définit en tant que femme).

[5] Dorlin Elsa, « Philosophies de l’identité « praxis queer » », Sexe, genre et sexualités. Introduction à la théorie féministe, Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, Philosophies, 2008, p. 109-129, URL : https://www.cairn.info/sexe-genre-et-sexualites–9782130558897-page-109.htm

[6] Ibidem.

[7] De Lauretis Teresa, « Théorie queer : sexualités lesbiennes et gaies. Une introduction », 1991, cité dans Croix Laurence, Pommier Gérard, Pour un regard neuf de la psychanalyse sur le genre et les parentalités, ERES, « Point Hors Ligne », France, 2017, p.15.

[8] https://www.unfe.org/fr/intersex-awareness/

[9] C’est ce qu’on appelle l’intersectionnalité.

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Pour davantage d’informations sur l’interruption volontaire de grossesse, consultez notre dossier thématique « Avortement ».

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