Masturbation, plaisir, clitoris, premières sensations : ces mots, vous pourrez les entendre dans le film-documentaire intitulé « Mon nom est clitoris » de Lisa Billuart Monet et Daphné Leblond. Dans ce film, 12 femmes âgés de 20 à 25 ans racontent face caméra, assises sur leur lit, le parcours de leur sexualité depuis leur enfance. Chacune de ses femmes revendique à leur manière une sexualité épanouissante, libre et égalitaire.

Le film commence par une séquence où les jeunes femmes sont invitées à dessiner le clitoris. Cette séquence pose directement le cadre : le clitoris est trop peu connu. Or, il s’agit de l’organe féminin entièrement dédié au plaisir. Le film mettra par la suite en évidence que nous sommes encore loin de le retrouver dans tous les manuels scolaires.

Briser les tabous et déconstruire les idées reçues autour de la sexualité féminine

Les tabous contribuent à entraver l’accès aux plaisirs sexuels. Daphné Leblond, l’une des réalisatrices du film, précise d’ailleurs avoir imaginé ce film suite à « la censure dont la masturbation et le plaisir chez les filles faisaient l’objet. On s’est rendu compte que la première fois que nous avions abordé ce sujet, l’une comme l’autre, nous avions déjà 21 ans ! » [1]. A l’heure actuelle, les comptes Instagram à propos du plaisir féminin se multiplient, les médias abordent de plus en plus la question… Et en parler est primordial pour briser les tabous !

Lutter contre les inégalités… même dans le domaine de la sexualité

Le plaisir féminin constitue un véritable enjeu féministe. Les inégalités entre les femmes et les hommes sont présentes dans l’ensemble des domaines de la vie quotidienne, y compris en matière de sexualité. Dans les relations hétérosexuelles en particulier, il semblerait que la sexualité soit encore souvent organisée pour favoriser le plaisir de l’homme au détriment de celui de la femme. Par exemple, une étude montre que lors des rapports hétérosexuels, les hommes atteignent beaucoup plus fréquemment l’orgasme que les femmes (95% pour les hommes contre 65% pour les femmes) [2].

Le film « Mon nom est clitoris » aborde de grandes étapes clefs de la sexualité : des passages « obligés patriarcaux et hétéronormés ». Lisa Billuart Monet précise à ce propos que le film «  aborde les choses de façon assez chronologique : les premières sensations de l’enfance, la découverte de la masturbation et le tabou qui l’entoure, l’éducation sexuelle (la censure familiale devient sociale, c’est l’instance éducative qui s’y met), ensuite la « perte » de la « virginité », les rapports sexuels, l’obligation de la pénétration… » [3]. Daphné Leblond souligne, quant à elle, que la société « réprime moralement et idéologiquement toute indépendance sexuelle chez les femmes, ce qu’elles peuvent faire seules ou entre elles : la masturbation, l’homosexualité. Comme ado, j’avais l’idée qu’il fallait attendre d’être initiée par un homme, car ils sont présentés comme les porteurs de la sexualité. C’est à eux de nous apprendre, du moins c’est le rôle social qu’on leur attribue… » [4].

Entre les témoignages des jeunes femmes, le film reprend des séquences plus pédagogiques où les emplacements du clitoris et de la zone G sont montrés… Le film met aussi en évidence que l’orgasme est toujours clitoridien (car, c’est la partie interne et/ou externe du clitoris qui entre en jeu).

Ce film s’inscrit dans un féminisme intersectionnel. Lisa Billuart Monet précise que, dans le film, « on essaie d’observer comment les dominations s’additionnent, voire se multiplient quand on cumule les minorités » [5]. Une réelle sororité transparait tout le long du film. Les réalisatrices partagent d’ailleurs leurs expériences avec les filles interviewées. Daphné Leblond ajoute à ce sujet « je me suis retrouvée dans les mêmes situations que certaines personnes du film, Lisa aussi » [6].

Les dates des projections-débats à venir

Le film « Mon nom est clitoris » sera projeté en avant-première belge le 12 novembre au festival Pink Screens.

Notre Fédération de Centres de Planing familial et plusieurs de nos Centres serons présents lors de trois projections afin de présenter la campagne « Les dessous du plaisir féminin » :

Pour rappel : chacun-e a le droit de vivre sa sexualité comme il/elle le souhaite. Comme le souligne notre campagne « Les dessous du plaisir féminin », il est nécessaire que chaque citoyen-ne adopte un esprit critique face aux normes en matière de sexualité et ainsi effectue ses propres choix de manière éclairée.

Pour plus d’infos sur le film « Mon nom est clitoris » : https://www.iotaproduction.be/film/monnomestclitoris/.

[1] Extraits du dossier de presse « Mon nom est clitoris ».

[2] Frederick, D.A., John, H.K.S., Garcia, J.R, &Loyd, E.A. Differences in Orgasm Frequency Among Gay, Lesbian, Bisexual, and Heterosexual Men and Women in a U.S. National Sample. Archives of Sexual Behavior, 47 (1), 273-288. doi : 10:1007/s10508-017-0939-z.

[3] Extraits du dossier de presse « Mon nom est clitoris ».

[4] Extraits du dossier de presse « Mon nom est clitoris ».

[5] Extraits du dossier de presse « Mon nom est clitoris ».

[6] Extraits du dossier de presse « Mon nom est clitoris ».

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Pour davantage d’informations sur l’interruption volontaire de grossesse, consultez notre dossier thématique « Avortement ».

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