L’exploitation sexuelle : des informations complètes et pratiques pour mieux la comprendre, l’appréhender et y faire face

L’exploitation sexuelle revête différentes formes. De quoi sagit-il exactement ? Que faire lorsque l’on est victime d’exploitation sexuelle ?

Cette page a pour objectif d’offrir à la fois des informations générales sur les différents types d’exploitation sexuelle, mais aussi des informations pratiques. Vous trouverez les contacts de différents services d’aide et d’associations qui existent en Belgique pour soutenir les victimes d’exploitation sexuelle.

​La traite à des fins d’exploitation sexuelle et d’exploitation de la prostitution est la première forme de traite des êtres humains. La Commission européenne a mis en évidence, en 2013, des statistiques expliquant que la principale forme de traite dans l’Union européenne était, entre 2008 et 2010, la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle (62%), suivie du travail forcé (25%).

Une étude réalisée par Claude Moniquet et Génovefa Etienne, en 2016, à l’international, sur la Traite des êtres humains, l’exploitation sexuelle et la prostitution : le poids du crime organisé, a permis de mettre en évidence le nombre approximatif de personnes étant victimes, chaque année en Europe, de la traite des êtres humains : entre 700.000 et 2 millions de personnes. Environ 90% de ces victimes sont victimes de trafic dans un but d’exploitation sexuelle.

L’exploitation sexuelle peut être définie comme étant l’action de tirer des bénéfices sexuels d’une personne, de manière illégale et non-consentié, à des fins personnelles, la plupart du temps financières. Elle n’est pas l’unique forme de traite des êtres humains, il existe également le travail forcé, le marché commercial des êtres humains, l’exploitation des mineur·e·s, les différentes formes d’abus sur les mineur·e·s et majeur·e·s à des fins d’exploitation ou encore l’enlèvement.

La traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle

Le Protocole des Nations unies, visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, définit cette dernière comme étant : « Le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours, ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité, ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation ». La Belgique a ratifié ce Protocole.

La traite des êtres humains constitue, au regard du droit international relatif aux droits humains et du droit international pénal, une atteinte grave aux droits humains. Cette définition élaborée par le Protocole des Nations unies met en évidence trois éléments essentiels devant être présents pour constituer la traite des êtres humains : l’acte (recrutement, transport, hébergement, accueil), le moyen utilisé pour accomplir cet acte (menace, paiement, etc.) et le but de l’acte et du moyen employé (en l’occurrence, l’exploitation).

Bien que les femmes, les hommes et les enfants puissent tou·te·s être exploité·e·s pour diverses raisons, la traite est souvent un crime lié au sexe et à l’âge. Diverses études​ sur le sujet ont mis en évidence le fait que les victimes exploitées dans l’industrie du sexe sont davantage des femmes et des enfants (de sexe féminin et masculin).

Quelles conséquences sur la santé ?

Une étude menée en 2006 en Europe, sur environ 200 femmes ayant été victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle, a recensé les symptômes de problèmes physiques, sexuels et mentaux développés par celles-ci. Cette même enquête a montré que la majorité d’entre elles ont subi de nombreux sévices physiques et sexuels avant (59%) et pendant (95%) leur période d’exploitation, et présentaient également de multiples problèmes de santé physique et mentale.

Les symptômes physiques les plus courants sont la fatigue, les maux de tête, les infections sexuellement transmissibles, les douleurs au dos et la perte de poids importante.

Il apparaît également que les souffrances psychologiques persistent plus longtemps que la plupart des problèmes de santé physique.
Dans ce sens, le Protocole des Nations unies​ précise que « chaque État Partie envisage de mettre en œuvre des mesures en vue d’assurer le rétablissement physique, psychologique et social des victimes de la traite des personnes, en particulier, de leur fournir : une assistance médicale, psychologique et matérielle ».

L’exploitation sexuelle des enfants et adolescent·e·s

L’exploitation sexuelle des enfants et des adolescent·e·s est une atteinte directe à leurs droits et à leur dignité. Le premier congrès international de Stockholm en 1996 sur l’exploitation sexuelle des jeunes, suivi de celui de Yokohama en 2001, ont aidé à faire prendre conscience de l’ampleur du phénomène qui s’articule autour de trois axes principaux liés entre eux : l’abus sexuel, la violence sexuelle et l’exploitation sexuelle à des fins commerciales.

L’exploitation sexuelle des enfants et des adolescent·e·s à des fins commerciales vise le paiement en espèce ou en nature en échange de rapports sexuels. Elle peut prendre trois formes​ :

  • La prostitution infantile, qui est le fait d’utiliser un enfant à des fins d’activités sexuelles contre une rémunération ou toute autre forme d’avantage ;
  • La traite des enfants et adolescent·e·s, qui représente le recrutement, le transport, le transfert, l’hébergement ou l’accueil d’enfants par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par l’enlèvement, la fraude, la tromperie, l’abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou d’avantages afin d’obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre à des fins d’exploitation ;
  • La pornographie mettant en scène des enfants (pédopornographie) qui désigne toute représentation, par quelque moyen que ce soit, d’un jeune s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant.

Quelles conséquences sur la santé ?

L’exploitation sexuelle des enfants et des adolescent·e·s ​peut avoir des conséquences graves et irréversibles menaçant le développement physique, psychologique et social des enfants, et même leur vie. Leur droit de profiter de leur enfance et de mener une vie sexuelle et reproductive gratifiante une fois adulte, dans la dignité, est sérieusement compromis. Les conséquences de la violence et de l’exploitation sexuelle se poursuivent jusqu’à l’âge adulte.

Le danger le plus immédiat auquel sont confrontées les victimes est la violence physique provenant de leur·s agresseur·s et/ou trafiquant·s. De nombreux enfants disent avoir été frappés à coups de pieds jusqu’à perdre connaissance, brûlés avec des cigarettes ou violés pour avoir refusé de travailler.

De plus, les enfants sont encore plus vulnérables que les adultes aux maladies sexuellement transmissibles puisque leurs tissus et muqueuses sont plus fragiles. « Les enfants exploités ne sont pas souvent en position de réclamer l’usage de préservatifs.

Un grand nombre n’a jamais reçu d’informations sur l’importance de la protection lors de rapports sexuels ni sur les moyens de protection existants. L’absence de préservatifs peut également entraîner des grossesses à répétition pour les jeunes filles exploitées. Celles-ci subissent parfois des avortements non-médicalisés et/ou forcés, susceptibles d’entraîner de graves lésions sur le plan physique et psychique ».

Les répercussions sur le plan psychologique sont plus difficiles à évaluer mais n’en sont pas moins douloureuses pour les enfants victimes. Les sentiments de honte, de culpabilité et de manque de respect pour eux-mêmes apparaissent chez un nombre important d’enfants. Certains en viennent à penser qu’ils ne sont pas dignes d’être secourus.

Il arrive que d’autres se construisent une vie imaginaire, dans laquelle la prostitution est leur choix car ils souhaitent venir en aide à leur famille. Certains enfants font des cauchemars, ont des insomnies, des crises de désespoir ou des dépressions. Pour tenter d’oublier leur vécu, certains enfants tentent de se suicider ou se réfugient dans la drogue.

La débauche de mineur·e·s

Dans le Code pénal (article 379), il est inscrit que : pour que l’infraction de débauche de mineur·e soit établie, il faut qu’il y ait un acte matériel qui attente aux mœurs en excitant, favorisant ou facilitant la débauche, la prostitution ou la corruption d’un·e mineur·e. De plus, il faut que le but de la débauche soit de satisfaire les passions d’autrui, pouvant être le/la mineur·e ayant participé aux actes sexuels ou bien un tiers).

Il doit s’agir d’une activité sexuelle entre deux personnes au moins, dont l’une au moins est mineure. Dans le cas où la victime n’a pas seize ans (qui est l’âge de la majorité sexuelle en Belgique), la peine encourue est une période de réclusion allant de cinq à dix ans ainsi qu’une amende. Si la victime n’a pas encore atteint l’âge de quatorze ans, la peine de réclusion s’élèvera alors à minimum quinze ans et maximum vingt ans, accompagnée d’une amende.

La débauche de mineur·e est plutôt associée à des faits de corruption et de prostitution qu’à la relation entre un·e mineur·e et un·e majeur·e. Ces notions de débauche, de corruption, de prostitution ne sont malheureusement pas définies dans le Code pénal. En cas de plainte, ce sera donc au juge en charge de l’affaire de déterminer s’il s’agit d’un fait de débauche de mineur·e ou d’attentat à la pudeur​. C’est la raison pour laquelle, en fonction des juges, les appréciations et les condamnations peuvent être différentes.

Le proxénétisme

Toute personne profitant de la débauche et de la prostitution d’autrui est considérée comme proxénète. Il peut donc s’agir d’un individu embauchant, entraînant, détournant ou retenant, même avec son consentement, une personne majeure ; d’une personne gérant une maison « close » ou de prostitution ; d’un individu vendant ou louant des chambres ou tout autre local dans le but de réaliser un profit anormal en lien avec la prostitution, même si les actes de prostitution ne sont pas clairement explicités mais dissimulés et imaginables (plus d’informations ici)​.

Les personnes victimes de proxénétisme sont, la plupart du temps, exposées à diverses formes de violence. Il n’est pas rare que les personnes prostituées, femmes et hommes, soient violentées physiquement (agressions physiques, coups, etc.), sexuellement (agressions sexuelles, attouchements, viols, etc.), verbalement (insultes, agressions verbales, etc.), psychologiquement (attaques verbales visant à rabaisser, manipulation psychologique, etc.), économiquement (obligation de reverser un très grand pourcentage de la somme récoltée voire sa totalité, etc.) ou encore administrativement (privation des documents d’identité, de permis de séjour, etc.). Ces violences sont notamment exercées par les proxénètes et les clients des personnes prostituées.

Dans une étude internationale, 73% des personnes prostituées interrogées déclarent avoir subi des agressions physiques dans l’exercice de la prostitution et 62% expliquent avoir été violées au moins une fois.

Quelles conséquence sur la santé ?

Le proxénétisme et les violences associées ont des conséquences principalement psychologiques, physiques et sociales sur la santé des personnes prostituées. Ces séquelles sont parfois très importantes et néfastes.

  • Les séquelles physiques : MST/IST, blessures internes et externes (dues à des clients dangereux ou à des proxénètes violents), stérilité, etc. ;
  • Les séquelles psychologiques : perte d’estime et de confiance en soi, méfiance vis-à-vis des autres, addictions (alcool ou drogues dures), etc. Durant les actes sexuels, il arrive très souvent que les personnes prostituées « sortent de leur corps » pour supporter le moment vécu et tendent, par la suite, à être déconnectées du réel ;
  • L’exclusion de la société : quitter ce mode de vie peut impliquer des difficultés de parcours comme notamment l’obtention de documents officiels ou le retour sur le marché du travail, qu’il faut trouver avec une période de vide sur le CV. De plus, il n’est parfois pas facile pour les personnes prostituées, ou anciennement prostituées, de se faire une place dans la société ou de se sentir acceptées.

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